Rêve aux étoiles by Paul Berthon dedicated to Eugene Grasset

Poem and images by Paul Berthon circa about 1894, an Art Nouveau artist and a student of Eugene Grasset.

A mon cher maître E. GRASSET

Comme je passais près de la prairie,
Ne pensant à rien – mais rêvant un peu –
Je vis roder par la lande fleurie
Un rayon d’étoile – un beau rayon blue.
Il allait, filtrant au travers des branches,
Se glissant sous bois, frôlant le gazon,
Jetant dans la nuit une floraison
Fantasque de lueurs et de clartés blanches.

Où t’en vas tu donc égarer tes pas
Au travers de tant et de tant de lieues?
O joli rayon, regard des nuits bleues,
Quelle étoile d’or t’envoie ici bas?
Pourquoi quitte-tu les cieux de lumière?
Est-ce pour aller emmi les clairières

Boire la rosée au coeur des bruyères
Te griser de thyms et de serpolets?
Ou bien t’en vas-tu dans le cimetière
Errer doucement sur la blanche pierre
Où l’on voit le soir danser les follets?
Et le rayon m’a dit: “Non! je suis une fée.”
Il ajouta tout bas – “mais tu n’en diras rien.”
Et la douce chanson de sa voix étouffée
Montait comme un léger murmure aérien!

“Par les soirs de printemps et par les soirs d’été,
Tandis que je descends, furtive et solitaire
Acccomplir ici-bas mon oeuvre de mystère,
Frissonne dans la nuit mon manteau de clarté!
Infatigablement je sillonne l’espace.
Si doucement je vais que l’on ne m’entend pas,
Tout le monde m’ignore, et pourtant quand je passe,
Les fleurs et les oiseaux s’éveillent sous mes pas!
C’est moi qui chaque soir vais semer la pervenche
Et jeter la rosée au fond des bois ombreux.
J’ouvre de mes doigts fins chaque corolle blanche,
J’étoile d’une fleur le bout de chaque branche,
Dans le sentier par où s’en vont les amoureux!
Et je fleuris aussi les coeurs. – Si le poète
Qui pleure amèrement son doux rrêve envolé
Sent tressaillir son coeur, et relève la tête,
Et sans savoir comment se trouve consolé,
C’est que mon aile blanche en passant l’a frôlé!

Partout où dans la nuit j’entends une prière
Ou des sanglots, j’accours! De mes doigts de lumière
Je jette un rayon rose au fond des coeurs meurtris
Et je sèche les pleurs des pauvres yeux flétris;
Et dans la nuit profonde, autour de moi s’élève
Comme un parfum très doux de jeunesse et d’espoir,
Qui fait ouvrir les fleurs, qui fait fleurir le rêve,
Et chanter les baisers dans la brise du soir!
Toujours, toujours, je vais… je vais… de grève en grève,
Et j’entends, tout le long de mon chemin béni,
Un cantique d’amour monter dans l’infini!”

Et le rayon, glissant tout à coup dans l’espace,
N’est plus à l’horizon qu’un tout petit point blanc,
Qui tremblotte, se meurt, renaît… et puis s’efface…
Etincelle d’amour qui flamboie et qui passe
Comme une vision dans un rêve troublant…

La Fee Aux Etoiles Illustration by Paul Berthon

La Fee Aux Etoiles Illustration by Paul Berthon

Poem by Paul Berthon Reve Aux Etoiles dedicated to E. Grasset

Poem by Paul Berthon Reve Aux Etoiles dedicated to E. Grasset

Poem by Paul Berthon Reve Aux Etoiles dedicated to E. Grasset

Poem by Paul Berthon Reve Aux Etoiles dedicated to E. Grasset

Poem by Paul Berthon Reve Aux Etoiles dedicated to E. Grasset

Poem by Paul Berthon Reve Aux Etoiles dedicated to E. Grasset